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Message du 28 février 2014 - version imprimable

VASSAL

la BIODIVERSITE en DANGER à l'INRA ?

De nombreux domaines expérimentaux sont aujourd'hui menacés de fermeture : Carmaux, Bourges,… et maintenant Vassal.

Vassal : l'INRA possède un trésor de génétique viticole, à côté de Montpellier, et ce depuis 65 ans. Mais la Direction Générale veut tout transférer en urgence à 80 km de là, au mépris du personnel et au risque de dégrader irrémédiablement la Collection de vignes. Le danger est imminent. Explications.

Le centre INRA de Montpellier gère une collection de vignes (ampélographique) unique au monde. Depuis 1949, au domaine de Vassal, situé entre Sète et Marseillan-Plage, une collection de plus de 7500 variétés de vigne, sauvages ou cultivées, a été progressivement constituée sur une vingtaine d'hectares.

Une référence mondiale

Le domaine de Vassal est l'élément fondamental de l'entretien du patrimoine génétique viticole mondial. Chacune des autres collections existant dans le monde ne regroupe au mieux que quelques centaines de variétés. Ainsi, des milliers de variétés n'existent qu'à Vassal : leur perte serait irremplaçable, au sens propre du terme. En plus de la conservation de la biodiversité viticole, ce domaine assure le rôle de référence ampélographique et de réservoir génétique tant pour les recherches fondamentales que pour les techniques appliquées comme la création variétale utile, par exemple, pour l'adaptation face au réchauffement climatique ou pour la diminution de l'utilisation des pesticides.

L'équipe technique INRA sur le site de Vassal est actuellement constituée de 9 personnes dont la mission est de conserver, observer, enrichir et diffuser cette ressource génétique.

Or, la Direction Générale de l'INRA voudrait, à partir d'arguments très discutables, notamment d'ordre climatique, déménager la Collection sur un autre site. Le transfert envisagé serait extrêmement rapide puisqu'il est dit que tout devrait disparaître de Vassal d'ici 5 ans. C'est prendre un risque énorme s'agissant d'une culture pérenne reproductible uniquement par bouturage ou greffage et d'une collection comportant pour une bonne part des variétés fragiles, mal adaptées par nature aux conditions françaises et à la culture. Le financement de ce transfert est d'autant plus incertain que les milliards d'euros de réduction budgétaire annoncés dans la Fonction Publique ont toutes les chances d'impacter négativement de telles opérations.

Un transfert très risqué

Pour le personnel qui y travaille et pour la CGT il s'agit là d'une orientation qui met gravement en péril la Collection. En effet :

•  le recueil de dizaines de milliers de bois aptes à faire des boutures pour la replantation est un travail considérable qui retarde l'entretien normal de la Collection et fragilise donc les variétés les plus précaires, comme cela s'est déjà produit en ce début d'année 2014,

•  la reprise des boutures sur le deuxième site n'est pas assurée et nécessitera probablement plusieurs tentatives, en particulier pour les variétés dont les conditions naturelles d'origine sont bien différentes des sites français,

•  il y a un danger important de confusion dans l'identification des variétés tout au long du processus récolte-bouturage-replantation du fait de la manipulation manuelle de dizaines de milliers d'étiquettes ; le risque est d'autant plus fort que le personnel INRA est sous la pression de l'urgence du transfert et qu'une partie des opérations est réalisée par des personnels et entreprises extérieurs à l'INRA,

•  des erreurs d'identification se sont déjà produites au cours des toutes premières opérations de récolte des bois en janvier-février 2014 ; la survenue d'autres erreurs est donc certaine ; leur repérage va demander un long travail de vérification des variétés qui ne peut se faire que sur des souches adultes et leur rectification nécessitera un nouveau cycle de récolte-bouturage-plantation.

Sauf à accepter par avance la perte d'une partie de la Collection et des incertitudes d'identification sur une autre partie, il est certain que l'opération de transfert de la Collection tel qu'envisagée par la Direction n'est pas tenable. Et ce n'est pas la rallonge d'une ou deux années supplémentaires qui résoudra le problème.

Nous ne voulons pas arriver dans 5 ans à une situation où, sur le deuxième site, figurerait une Collection amputée et en partie erronée et où, à Vassal, la Collection d'origine serait elle-même fortement dégradée par manque d'entretien du fait de la priorité donnée au transfert, comme cela a été le cas cet hiver. Il serait alors trop tard pour envisager une récupération et une correction des erreurs.

Le personnel du domaine de Vassal et la CGT demandent :

•  que les travaux de recherche, d'entretien et de sauvegarde de la Collection, installée sur le domaine de Vassal soient poursuivis par les agents titulaires INRA,

•  qu'une duplication en plein champ de la Collection soit réalisée dans un autre site,

•  qu'un temps suffisant, une vingtaine d'années, soit donné à cette duplication, pour ne pas perturber le travail d'entretien et de valorisation scientifique de la Collection actuelle, et aussi pour que la duplication soit complète et vérifiée,

•  que la Direction Générale rende publiques les raisons qui fondent son choix de quitter Vassal en urgence et que ces raisons, qui sont pour nous infondées, puisent être discutées dans les instances statutaires de l'INRA.

 

Voilà la position que défendront les élus CGT lors du Comité Technique INRA du 5 mars et les élus soutenus par la CGT lors du Conseil Scientifique National de l'INRA des 6 et 7 mars.

Précipitation et bricolage ou bien préservation du patrimoine génétique, la Direction doit choisir !

 

 


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