La CGT-INRA s'adresse à tous les personnels travaillant à l'INRA

site de la CGT-INRA : https://intranet.inra.fr/cgt ou en Internet : http://www.inra.cgt.fr/

Message du 20 juillet 2016 (version imprimable)

Communiqué de presse

Un nouveau PDG imposé à la tête de l'INRA !

 

Sur décision de François Hollande, Philippe Mauguin, chef de cabinet du Ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, vient d'être nommé PDG de l'INRA, remplaçant ainsi François Houllier.

Cette nomination intervient dans un climat de forte défiance à l'INRA.

En effet plus de 2000 collègues, incluant la majorité des chercheurs et cadres intermédiaires de l'institut, ont signé une pétition contre cette nomination, ressentie par beaucoup comme le « parachutage » d'un collaborateur d'un gouvernement aux abois et dont l'avenir politique semble compromis.

Si le parcours scientifique précédent d'un dirigeant d'un organisme public national de recherches n'est évidemment pas neutre, la question essentielle pour la CGT-INRA est néanmoins l'avenir que le gouvernement entend imposer, au travers de cette nomination, à l'Institut National de la Recherche Agronomique et aux agents de toutes catégories, titulaires comme non-titulaires, qui y travaillent.

L'audition de Ph. Mauguin par les commissions de l'Assemblée Nationale et du Sénat, et ce qu'il y a dit ne peut en effet que nous inquiéter quant à l'orientation que veut donner le nouveau PDG à l'INRA. Une orientation largement inspirée de l'évaluation de l'HCERES (Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur), qui devient ainsi le juge suprême de l'institut et dont les conclusions devraient nécessairement s'appliquer !

Innovation, le maître mot, employé des dizaines de fois lors des auditions ! Il ne semble ainsi plus d'actualité pour l'INRA de « produire des connaissances scientifiques», qui sont pourtant l'âme d'un institut de recherche de plein exercice. La CGT avait apprécié favorablement le décrochage du ministère de l'agriculture vers le ministère de la recherche de notre institut, permettant de combiner avec succès recherches fondamentales et recherches finalisées durant les dernières décennies. Ici, il est clair que le ministère de l'agriculture cherche à reprendre la main sur l'INRA, malgré un financement anecdotique de sa part, et que la structure Agreeniuml/IAVFF (Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France) à laquelle s'est référé Ph. Mauguin lors de sa prestation, pourrait alors devenir un institut de pilotage de l'INRA. Dans ces conditions l'avenir de l'INRA comme institut en tant que tel est menacé.

Devenir un super institut technique ?  Au final, dans le discours du nouveau PDG aucun point fort ne ressort en termes de stratégie scientifique, stratégie qui est pourtant l'épine dorsale de notre institut. Une exception : une référence- bateau et dans l'air du temps à l'agro-écologie. Mais, selon Ph. Mauguin, l'INRA doit avant tout s'investir dans la recherche de solutions innovantes pour les filières agricoles et les industries agroalimentaires en difficulté. Non seulement cette orientation risque de stériliser la recherche agronomique scientifique de haut niveau à l'INRA, mais le but recherché ne pourra être atteint car les difficultés rencontrées par les filières agricoles et l'agroalimentaire sont essentiellement liées au modèle économique actuel qui n'est pas remis en cause. L'innovation technologique deviendrait l'alpha et l'oméga de l'INRA ce qui conduirait l'institut à devenir un "super institut technique", lui faisant perdre ainsi sa position de leader dans le domaine de la recherche agronomique tant au niveau national qu'à l'international. Ce serait un formidable retour en arrière. Chacun sait pourtant que ce n'est pas en créant des bougies « innovantes » que l'on a découvert l'électricité !

« Management des ressources humaines », cette autre priorité évoquée par Ph. Mauguin ne peut aussi qu'inquiéter dès lors que, selon lui, l 'INRA devrait s'investir à plein dans les COMUEs. Jusqu'à maintenant, l'INRA avait refusé, à l'exception malheureuse de la COMUE Paris-Saclay, de se noyer dans ces structures de régionalisation et d'y perdre son indépendance en matière de définition des recherches, mais aussi de gestion des personnels. Le rôle apparemment joué par le nouveau PDG pour vendre Grignon au PSG (et au Qatar) dans le but de financer Saclay n'est pas pour rassurer. Mutualisations et mobilités forcées dans le cadre des COMUEs, est-ce cela l'avenir promis aux personnels, et en premier lieu à ceux, très nombreux, qui refusent d'aller à Saclay ? Sur un autre plan, selon Ph. Mauguin, l'INRA devrait soutenir et contribuer à la formation, notamment, des enseignants du supérieur agricole (sic), alors même que cela ne fait pas partie des missions statutaires de l'INRA et que les établissements d'enseignement supérieur jouent déjà pleinement ce rôle. A aucun moment il n'a évoqué le RIFSEEP. Son programme prévoit-il la mise en place de ce système de primes individualisées à la tête du client contre lequel se sont dressées la masse des personnels, toutes les organisations syndicales et la majorité des directeurs d'unité de l'INRA ?

La CGT-INRA appelle donc les personnels à la plus grande vigilance afin d'imposer que l'institut reste un organisme national de recherche agronomique, continuant à combiner recherches fondamentales et recherches finalisées au service de la collectivité et non aux services d'intérêts économiques particuliers.

La CGT-INRA ne manquera pas d'interroger la nouvelle direction sur les aspects potentiellement mortifères pour l'INRA et ses personnels de la stratégie qu'elle annonce vouloir mener.


Cet envoi est autorisé par la note de service 2003-36.
Si vous ne souhaitez plus recevoir les messages de notre syndicat national cliquez ici