Les résultats du premier tour des élections au conseil scientifique de l'INRA indiquent que 45 % des voix exprimées se sont portées sur des candidats porteurs d'idées soutenues par la CGT-INRA et explicitées dans une profession de foi commune.
- Dans les secteurs 2 (SPE : Santé des Plantes et Environnement ), 4 (CEPIA : Caractérisation et Elaboration des Produits Issus de l'Agriculture ) et 8 (SAE2 : Sciences Sociales, Agriculture et Alimentation, Espace et Environnement – MIA : Mathématiques et informatique Appliquées - SAD : Sciences pour l'Action et le Développement ), ces candidats, obtenant la majorité des voix des électeurs, sont élus dès le premier tour.
- Dans le secteur 3 (GAP : Génétique et Amélioration des Plantes – BV : Biologie végétale – GEVES), les candidates dont la CGT INRA soutient la profession de foi, non élues, ont néanmoins obtenu 43 % des voix.
Les résultats rendent nécessaire un second tour dans les autres secteurs.
Les collègues porteurs de la profession de foi « Pour un Institut National de la Recherche Agronomique pérenne, 100%, responsable, et au service de tous les citoyens » se maintiennent tous au second tour et sollicitent à nouveau nos suffrages :
Secteur 1. Christian Gary ( Montpellier ) - Gérard Nepveu ( Nancy )
Secteur 5. Yves Chilliard (Clermont-Ferrand) - Gérard Cabello (Montpellier)
Secteur 6. Jean-Luc Widiez (Le Magneraud) - Harry Archimède (Guadeloupe)
Secteur 7. Jean-Michel Salmon (Montpellier) - Laurent Ferrier (Toulouse)
Secteur 9. Daniel Renou (Angers) - Denise Grail (Paris)
Plus que jamais, les questions qu'ils posent sont d'actualité :
Quels rôles d'orientation et de coordination auront les directions scientifiques et les départements vis à vis d'unités ou d'équipes lauréates de projets de recherche à court terme validés par l'ANR, la Commission européenne, les Régions ou les industriels via les pôles de compétitivité, qui leur attribueront une large partie de leurs moyens (personnels, équipements, fonctionnement) ?
Les pôles géographiques ne sont-ils pas les prémices d'un INRA réduit à un conglomérat de structures autonomes réunies par des liens administratifs et comptables, et mises en compétition lors d'appels d'offre d'Agences, sans objectif scientifique à long terme et sans aucun contrôle citoyen ?
Devant la multiplicité et la flexibilité de tous ces financements, comment maintenir à terme une recherche inventive et « précurseur » ?
Les financements à court terme ne conduiront-ils pas à proposer comme outils d'aide à la décision des modèles insuffisamment validés au détriment d'analyses mieux étayées ?
Quelles stratégies peuvent émerger de départements et d'unités remis en question tous les quatre ans dans leurs missions et leurs périmètres ?
Le risque d'abandon de pans entiers de recherches ne s'accroît-il pas avec la réforme budgétaire et comptable ignorant les contraintes de fonctionnement de la recherche pour en contrôler le déroulement quotidien et la « rentabilité » à terme ?
Le rôle croissant des industriels dans l'évaluation ne conduit-il pas à l'émergence d'instrumentalisation et de conformisme contraires aux besoins de renouvellement des théories scientifiques ?
Dans ces conditions, comment construire une alternative à la marchandisation globale des connaissances et garantir qu'elles restent accessibles à tous, y compris aux pays du Sud ?
L'explosion de la précarité par le recours croissant à des personnels sous contrat à durée limitée n'est-elle pas un élément de fragilisation de notre dispositif, de dégradation de nos compétences et de perte d'attractivité des métiers de la recherche pour les jeunes ?
Comment intégrer à l'élaboration des orientations scientifiques les idées des personnels concernés de tous niveaux et tenir compte de demandes sociales exprimant des intérêts contradictoires ?
L'actualité donne à ce vote un sens particulier, au moment où, malgré les contestations qui viennent de toutes parts, le gouvernement veut imposer l'agence pour l'évaluation (AERES), nouvel organisme technocratique déconnecté des chercheurs. Les établissements de recherche sont ainsi dépouillés de l'un des éléments clé de toute stratégie scientifique à long terme ( en savoir plus / signez la pétition ).
Plutôt que le renoncement, nous souhaitons restituer au conseil scientifique la fonction d'analyse critique et de proposition qu'il doit avoir, pour que puisse être construite une vision différente de la stratégie scientifique de l'INRA, non soumise à des objectifs économiques et politiques à court terme. |