Déclaration de l'élu CGT au Conseil d'Administration
Chaque année, je dénonce le budget de l'Institut car il est toujours en deçà des exigences de recherche de ce service public qu'est l'INRA dans le domaine agronomique. Le budget 2011 ne faillit malheureusement pas à la tradition, pire, pour la première fois, ce budget baisse.
La complexité des documents qui nous sont soumis, ne masque pas la réalité. Nos propres informations obtenues il y a plus d'un mois annonçaient une « hausse » de 1,11% par rapport à 2010 soit donc, compte tenu des transferts de charges et de l'inflation, une diminution par rapport à 2010. Sans compter que ces transferts de charges participent directement de la mise en place d'une caisse de retraite des fonctionnaires avancée par la loi Sarkozy-Woerth que les personnels de l'INRA avec l'ensemble de la population ont largement combattue.
A la date de ce Conseil d'Administration, replaçons ce budget dans le contexte de la politique du gouvernement.
Il demande aux salariés du privé et du public, de payer deux fois les conséquences de la crise financière ; nous allons la payer avec la réforme inique des retraites et nous allons contribuer aux nouveaux profits des banques et des entreprises du CAC40 ; la diminution des budgets alloués aux services publics et du budget de notre Institut illustrent facilement mon propos.
La mémoire historique est utile au syndicaliste. Il fut une époque, pas si éloignée, où les gouvernements demandaient aux économistes d'être au service de la politique. Nous vivons désormais des temps où la politique est mise au service de l'économie «globalisée» et plus exactement au service de quelques-uns.
Revenons en au budget 2011.
La Direction Générale , dans un long préambule, rappelle les missions de l'INRA et les enjeux de l'avenir. Après les alliances et autre consortiums voici le temps des «EX», IDEX, LABEX, EQUIPEX, et comme l'ont écrit deux de nos collègues du CNRS dans un article intitulé «l'Excellence ce faux ami de la science», dans le journal Libération «L'excellence est le plan social de la science». Au-delà des mots, la même exigence libérale de rentabilité pour les actionnaires dans le privé et pour le public : diminuer les dépenses et affaiblir les services publics.
Les documents du Conseil d'Administration indiquent que la subvention d'État ne progresse que de 0,2% en euros courants, soit une baisse du financement de l'Institut. La Direction Générale prévoit une augmentation des ressources propres de l'Institut, nos scientifiques deviennent de plus en plus les VRP de la recherche. Cette part augmente de 2 points par rapport à 2010. Les ressources propres représentent désormais 22% des prévisions budgétaires tout en demeurant fortement aléatoires car elles dépendent des produits des contrats. Le budget global s'établit donc à 836 M. d'euros. Je note que le transfert des pensions du budget de l'État vers celui de l'INRA augmente artificiellement le budget de l'Institut et lui impose une charge supplémentaire de 7,99 M. d'euros. Pour moi, ce transfert est une des prémices de la création d'une caisse de retraite des fonctionnaires, permettant au gouvernement de moduler les pensions.
Plus grave encore, compte tenu des ressources propres affectées, le budget utilisable par l'Institut pour financer la masse salariale s'élève à 649,5 M. d'euros or les charges incompressibles de la masse salariale s'élèvent à 662,7 M. d'euros soit un déficit de 13,2 M. d'euros. Pour la première fois dans l'histoire de l'INRA le gouvernement décide ne pas financer l'intégralité des salaires des salariés de notre Institut.
Abordons la politique de l'emploi
Maîtrise de la dépense, la leçon est bien apprise, on dirait du Sarkozy-Fillon dans le texte. La Direction Générale décide de la diminution de 40 ETPT et diminution de 41 recrutements par rapport à 2010 : 5 CR et 36 IT sacrifiés au nom de la RGPP. La ligne « Emploi non permanent » diminue de 4,7%, je pourrais m'en réjouir si cette baisse était compensée par des créations de postes statutaires à due concurrence. Mais non, cette réduction vise directement l'emploi des jeunes et donc l'avenir de l'Institut.(Suite de la déclaration).