La crise écologique globale est constituée de quatre dimensions intimement reliées entre elles : le changement climatique, l'extinction massive de la biodiversité naturelle et cultivée, l'effondrement actuel ou à venir des ressources naturelles physiques (pétrole, gaz, phosphate, terres rares...) ou biologiques (agriculture et forêt) et la pollution globale.
L'INRA mène des recherches qui ont trait à toutes les dimensions de la crise écologique. Mais ces recherches sont le plus souvent menées sans remettre en cause un contexte social et économique contraint par les exigences du néolibéralisme et de la toute-puissance des marchés. D'un côté, on cherche des solutions pour permettre la survie à long terme de notre espèce dans son écosystème, et de l'autre, on le fait en acceptant des exigences de rentabilité du capital à très court terme, prêt à accepter toutes les formes de pillage même celles qui mettent en péril le long terme. Nous sommes invités à imaginer les solutions de demain dans un cadre qui - de l'avis même d'un ministre d'État d'un des gouvernements les plus capitalistes que la France ait connu - est incompatible avec une résolution durable des problèmes écologiques. Cela ne peut pas fonctionner.
A notre sens il est nécessaire de rompre avec cet état de fait.
La CGT-INRA défend l'idée que les exigences du capital en termes de taux de profit et de dividendes versés aux actionnaires sont incompatibles avec les exigences d'une vraie transition écologique. Pour opérer cette transition, il faut radicalement changer de modes de production et de consommation.
Cela nécessite d'abord des investissements massifs et une orientation différente du crédit à cette fin, investissements qui ne seront jamais faits par les entreprises privées, dont l'horizon ne dépasse pas souvent le prochain versement de dividendes aux actionnaires. Ces investissements publics sont contradictoires des politiques d'austérité et requièrent une ponction drastique sur les richesses captées par les plus riches et donc un contrôle public du crédit notamment pour le financement de l'éducation, de la recherche, de la santé, et des infrastructures vertueuses au plan écologique.
Il faut retrouver un temps long et une planification écologique et agricole qui est incompatible avec la concurrence libre et « non faussée » des produits agricoles et avec une marchandisation du carbone ou de services écosystémiques.
Il faut sortir d'une inflation consommatrice de matières premières qui ne vise en fait qu'à accélérer les échanges pour mieux en tirer des bénéfices. La sobriété énergétique et matérielle n'est pas compatible avec la croissance infinie du capital.
Enfin, il faut produire localement en limitant les intrants azotés et les pesticides ou favoriser le stockage de carbone dans les forêts tout en assurant la souveraineté alimentaire de tous les pays, ce qui ne peut se faire dans un monde où les produits agricoles et le bois ainsi que l'ensemble de la biodiversité sont des marchandises comme les autres.