« Madame la Présidente de Centre, vous nous présentez aujourd'hui le schéma de centre pour les années 2018-2022 dont nous découvrons, non sans surprise, qu'il est commun aux centres de Versailles-Grignon et de Jouy-en-Josas.
Nous sommes heureux que vous fassiez état des difficultés et dysfonctionnements des services d'appui du centre et nous en prenons acte. Comme cela est rappelé dans le document que vous nous avez fourni, les maux sont multiples et liés entre eux : en premier lieu, une diminution globale des postes dans les services d'appui qui génère une perpétuelle tension, ceci étant renforcé par un turn over important des agents qui fuient vers d'autres cieux. A l'évidence, le mal être au travail des agents des SDAR n'est certainement pas étranger à la difficulté que vous avez à les garder dans vos services, ne pensez-vous pas ?
Vu la gravité des difficultés rencontrées par les agents des SDAR de Versailles, nous comprenons que la recherche de solutions est indispensable. Nous n'y sommes pas opposés. Nous sommes d'ailleurs régulièrement alertés par des collègues des SDAR qui souffrent de leurs conditions de travail dégradées. Mais nous ne pouvons pas souscrire au seul remède développé dans ce schéma de centre qui pour pallier le manque de recrutement, préconise une mutualisation de toutes les composantes des SDAR avec le centre de Jouy, des Hauts de France, et parfois même avec les centres de Val de Loire et de Paris ! Une petite étude lexicale montre que dans votre projet, on mutualise énormément (18 fois les termes « mutualisation », « mutualiser », « mutualisable »), on intègre aussi (8 fois le mot « intégration »), on articule beaucoup (12 fois), et tout ça avec beaucoup d'agilité (4 fois). Et en effet, il va en falloir de « l'agilité » aux agents des SDAR pour travailler.
Vous nous dites aussi que le déploiement du projet Saclay aura des répercussions considérables sur les fonctions d'appui. Pourquoi ? En quoi déplacer des unités de Grignon ( actuellement gérées par le centre de Versailles ) à Saclay ( où elles seront toujours gérées par le centre de Versailles ) entrainerait des répercussions considérables ? A cette question, pas de réponse dans votre document. Doit-on d'ores et déjà en déduire qu'un déplacement des SDAR à Saclay est envisagé ?
Pourquoi mutualiser selon vous ?
- Pour pallier aux sous-effectifs. Vous dites « Sans perspective d'accroissement des effectifs, être agiles et envisager de mieux faire plutôt que de faire plus, s'impose »...
- Pour « proposer des perspectives aux personnels ». C'est un objectif très louable. Mais il n'y a rien dans votre projet qui précise ces dites perspectives. Au delà de l'intention, que proposez-vous concrètement ? Car la mutualisation qu'on a vu à l'oeuvre lors de la création des TGU n'apporte pas véritablement de « perspectives » aux agents dont les fonctions rétrécissent et dont le travail, parcellisé, perd une grande partie de son intérêt.
- Pour faire « progresser la qualité de vie au travail » : mais en quoi cet objectif sera atteint en mutualisant les SDAR de Versailles et de Jouy ? Travailler étroitement avec des collaborateurs sur des sites différents est difficile. C'est déjà l'expérience qu'en ont les agents dont l'unité est scindée sur deux sites géographiques différents.
- Pour n'afficher qu'un seul INRA en Ile de France, le « One INRA » régional comme vous dites en oubliant les fonctions de proximité des centres vis-à-vis des agents.
La trajectoire est donc à peine voilée : mutualisation pour ce schéma de centre 2018-2022... Fusion des centres pour le prochain quadriennal !
Nous ne pouvons pas souscrire à votre vision de l'évolution des SDAR de notre centre.
=> A un problème de sous-effectif, nous disons qu'il faut répondre par des ouvertures de postes.
=> A un problème de mal être au travail pour cause de sous-effectif, il faut également répondre par des ouvertures de postes.
=> A un problème de manque de perspectives pour les personnels, il faut proposer des perspectives de progression de carrière, et surtout un travail qui ait du sens, pas une mutualisation qui segmentera encore plus les taches et favorisera le travail répétitif.
Nous notons par ailleurs que vous faites appel à un consultant externe pour vous aider à faire passer la pilule de la mutualisation, est-ce vraiment une priorité ? En ces périodes de disette voire de famine dans la recherche à l'INRA, votre priorité ne devrait-elle pas être de faire des économies et d'éviter de dilapider l'argent public dans du consulting ?
Vous énoncez et déclinez l'évolution de huit fonctions support des SDAR (Finance, RH, Achats, Partenariat, Prévention, Immobilier, Communication, Informatique) mais qu'en est-il de la Documentation (Information Scientifique et Technique) sur le site de Versailles ? Les agents en charge de l'appui IST vont-ils disparaitre ? La Direction de l'IST affiche une stratégie ambitieuse, avec une implication dans l'open data, la veille, l'aide à la publication, la bibliométrie donc du travail en plus, et du travail compliqué. Comment se fait-il que jamais cette fonction IST ne soit évoquée ?
Enfin dans « Service d'Appui à la Recherche », il y a « Recherche ». Or de « recherche » ou d'appui à la recherche, il en est peu question dans votre document. Quel avenir de la recherche INRA sur Versailles ? Nous apprenons que le site doit maintenant s'appeler « campus », accueillir des "coworkers", que les bâtiments restés vides après le déménagement d'unités à Saclay sont destinés à accueillir start-up, PME, "spin-off", entreprises... et que vous envisagez même de mettre en place une offre de services de conciergerie, services dont on voit mal quelle utilité ils auront pour les agents INRA vu le niveau de leurs salaires.
Face à ce schéma, nous réaffirmons que la solution aux problèmes des agents des SDAR passe avant toute autre chose par l'affectation d'un nombre de postes de titulaires suffisants, que les expériences de mutualisation se sont toujours traduites par une parcellisation du travail et par une perte de son sens, et qu'à l'inverse une relation de proximité permet une vraie qualité de vie au travail, tant pour les agents des SDAR que pour ceux des unités. »
