Le chercheur CR1, licencié l'an dernier à l'issue de son stage, et dont la Présidente de l'INRA avait finalement prolongé le stage après une importante mobilisation des syndicats et du personnel, voit son cas remis à l'étude en CAPN le 15 décembre 2006 pour un nouveau refus de titularisation de la part de sa hiérarchie.
Les élus du personnel qui l'avaient déjà défendu efficacement l'année passée ont continué à suivre ce dossier. Son stage se solde par un bilan scientifique satisfaisant : deux publications en premier auteur et une publication en second auteur, dans trois revues de bon niveau, et deux articles de vulgarisation ; un projet scientifique validé par un binôme de suivi ; des collaborations dans et hors de son unité, une expérience réussie d'encadrement d'étudiant (M2) et d'enseignement ; des communications affichées et orales dans plusieurs congrès…
La hiérarchie du chercheur prend en compte ce bilan scientifique, reconnaît le travail fourni, sa bonne volonté et sa motivation, mais reste sur une opinion négative qui ne repose pas sur des faits objectivés. L'avis de la CSS (Commission Scientifique Spécialisée) reprend cette opinion et est défavorable à la titularisation.
Rappelons que l'évaluation des chercheurs passe par des CSS, censées être indépendantes de la hiérarchie, précisément pour éviter les abus de pouvoir et les biais d'opinion. Or aujourd'hui à l'INRA, les CSS reçoivent l'avis du directeur d'unité et du chef de département et sont gérées par un service directement lié à la direction générale. Ceci en l'absence de tout contre-pouvoir (pas même un simple observateur représentant du personnel : ce que nous avons demandé lors de la dernière CAPN chercheurs et qui nous a été refusé) et dans l'anonymat des rapporteurs (au CNRS ou à l'INSERM, les chercheurs peuvent dialoguer avec les évaluateurs, ce qui leur permet de tirer un parti plus positif des évaluations). Comment l'évaluation peut elle avoir des effets bénéfiques sur la qualité et la pertinence des recherches dans les conditions où elle est effectuée à l'INRA ? Et si ce n'est pas le cas, alors quel est le but de l'évaluation des agents ?
Rappelons également que la période de stage dans la Fonction Publique n'est pas une période d'essai, mais une période de validation suite au concours. En clair, lorsque l'agent ne démontre pas son incapacité à assumer ce que le poste exige et qu'il remplit donc les critères nécessaires (ce qui est le cas ici), il est titularisé. Les évaluations et leurs conséquences en matière de licenciements ne doivent pas varier selon l'opinion de quelques uns, alors qu'il existe des critères de titularisation dont l'objectivité est officiellement brandie comme un gage de justice et d'équité. Les agents des EPST sont recrutés par concours et doivent pour cela satisfaire à un ensemble de règles très encadrées. Ces règles seraient-elles à sens unique ? Draconiennes pour entrer, à la tête du client et au goût du prince pour sortir ?
La situation de ce jeune CR1 illustre les dysfonctionnements du système d'évaluation très hiérarchisé de l'INRA qui compromettent l'objectivité que l'on pourrait attendre de ces procédures.
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