Comment faire de la recherche publique de qualité et indépendante des lobbies alors qu'a été mise en place, par le biais de la loi Fioraso, une politique d'austérité, de restructuration et de mutualisation forcées dans l'Enseignement Supérieur et de la Recherche ?
Cette politique d'austérité qui s'accompagne de budgets désastreux, ne permet plus aux équipes et à leurs chercheurs d'assurer leurs missions. Alors que sont demandées aux chercheurs plus d'excellence, plus d'innovation, plus de publications de qualité, cette absence de crédits récurrents impose aux chercheurs de délaisser leurs recherches pour partir à la chasse au financement sur projets, avec le succès que l'on sait (ex. : 8% à l'ANR en 2014).
Et quand par chance un contrat est décroché, les moyens financiers sont dédiés à des recherches finalisées ciblées qui participent au renforcement de l'emploi précaire (CDD) et ne permettent pas une recherche de veille originale et pro active sur le long terme.
Compte tenu de l'absence de financement récurrent et du maigre taux de succès aux appels à projets nationaux, comment être surpris que des pans entiers de recherche soient délaissés et que des collègues se retrouvent en grande difficulté ?
Cette situation est d'autant plus scandaleuse que les salaires dans la Fonction Publique, et donc celui des chercheurs, à qui leurs tutelles demandent tant et avec en retour si peu pour fonctionner, sont bloqués depuis 5 ans et jusqu'en 2017, et subissent de plus une diminution progressive du fait de l'augmentation des prélèvements pour la retraite.
Quant à la prime d'excellence scientifique (PES), qui ne bénéficie qu'à quelques-uns alors qu'elle devrait récompenser le travail de tous, elle reste une prime au mérite qui n'est pas justifiée et qui divise profondément notre communauté.
A cela on pourra ajouter des carrières difficiles dès le recrutement, avec une intégration des chercheurs sur poste de titulaire désormais seulement possible après de longues années de CDD. De plus, la reconnaissance de la qualification au travers du concours des chargés de recherche vers le corps des directeurs de recherche reste encore un fort point de blocage dans l'Institut. Et enfin, il n'y a que peu de perspectives de carrière dans le corps des directeurs de recherche bien qu'il y ait eu récemment des améliorations des passages DR2-DR1 et DR1-DRE.
Cette situation, qui renforce l'austérité et qui tend vers une réduction du nombre de disciplines et du soutien de base des laboratoires, ne peut que rendre encore plus sélectifs et intenables les critères d'évaluation des unités de recherche et des chercheurs.
Aussi, face la précarité grandissante, au manque de moyens, à la dégradation des conditions de travail, ainsi qu'aux pressions et contraintes sur le choix des thèmes de recherche, 50 collègues de tous centres et départements ont lancé un manifeste public pour le rétablissement d'une subvention d'état permettant le fonctionnement effectif de toutes les unités INRA. Cette subvention chiffrée à 20 000 € par chercheur et ingénieur présent par unité de recherche, est un préalable à la réalisation d'une recherche publique originale et de qualité, non réduite à de la gestion et de l'ingénierie. La CGT-INRA appuie complètement cette demande qui a déjà reçu de nombreuses autres signatures de soutien.
Les représentants du personnel chercheur (ASC, CR, DR) de la CGT INRA alertent la Commission Administrative Paritaire Nationale des chercheurs sur cette situation délétère pour la Recherche Agronomique Publique et les carrières des chercheurs, et remettent en cause le financement quasi exclusif sur projet ainsi que la précarisation de l'emploi chercheur. Les représentants CGT INRA des chercheurs revendiquent :
Le recrutement de titulaires au plus près des diplômes, avec un plan efficace de création d'emplois de chercheurs titulaires à l'échéance du post-doc de 2 ans.
Des carrières attractives et la reconnaissance des qualifications.
Un repyramidage CR/DR et un déblocage de carrières des DR.
Le non asservissement aux lois du marché national et international de la Recherche Publique.
Le retour de l'argent des agences de financement public parasites vers les laboratoires publics.
Le retour d'un soutien de base récurrent et décent aux unités de recherche, chiffré à minima à 20 000 € par chercheur et ingénieur présent par unité de recherche.
La suppression de la prime d'excellence scientifique.
La revalorisation des salaires et une compensation pour les pertes subies de pouvoir d'achat subies depuis 2010.
Le renforcement du rôle des CAP chercheurs et de leur avis lors de l'examen des dossiers des chercheurs en difficulté.
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